Lucien Faucon
Lucien Faucon né à Châteauvieux (Hautes-Alpes) le 12 septembre 1879, aîné de six enfants, travaille avec son père, entrepreneur du bâtiment, puis devient employé de restauration en 1903. Il acquiert son propre restaurant en 1911 au 108 avenue de Clichy à Paris (Seine).
Mobilisé le 4 août 1914, il ne part aux armées, au sein du 4e Régiment du Génie, que le 25 décembre 1914. A cette date, il entreprend de noter chaque jour jusqu'à la fin des hostilités ce qu'il va vivre au Front.
En janvier 1915, arrivé dans la région de Poperinghe (Belgique), il relate les travaux et missions qui sont confiés à sa compagnie : réparation de routes, construction d'abris... Le 8 janvier 1915, il écrit "le lieutenant Languedoc [...] a été blessé à un mètre derrière moi. Je l'ai conduit à la gare de Zilbeke, lui ai fait un pansement et assuré son évacuation à l'arrière". En février, sa compagnie arrivée à Elverdinghe (Belgique) confectionne une piste conduisant à un pont de tonneaux sur l'Yser. Le 28 février, elle est cantonnée à Ypres (Belgique) dans une école communale.
Le 14 avril 1915, sa compagnie reçoit "l'ordre de partir en autobus pour le Front d'Artois". Le 10 mai 1915, Lucien Faucon fait prisonnier 7 soldats allemands. Le 12, le commandant, Marie Trefecon, est tué à Carency près d'Arras (Pas-de-Calais). La compagnie bivouaque à Villers-au-Bois (Pas-de-Calais). Le 16 mai, il écrit :
"On s'est trouvé vers le midi dans le boyau de cabaret rouge avec une chaleur terrible en avant du cimetière de Souchez. Nous avons fait la navette plusieurs fois la faute au lieutenant Garrone. [...] Nous avons travaillé jusqu'à 3 h du 17 au matin. Mauvais souvenir. C'est le jour que j'ai le plus souffert de soif de ma vie".
En septembre 1915, la compagnie de Lucien Faucon vient cantonner à Ecoivres (Pas-de-Calais) et "travaille à la construction d'un chemin de fer Decauville". Le 27 septembre, Lucien Faucon note "Jour de l'attaque sur tout le front d'Artois. [...] On a travaillé toute l'après-midi sous une rafale d'obus."
Au mois de mars 1917, la compagnie est mise à la disposition du directeur des travaux des mines dans le secteur des Eparges (Meuse). Elle travaille au boisage des galeries et à la construction d'abris intérieurs de la mine. Dans son journal, Lucien Faucon évoque la violence des combats. Une citation à l'ordre des Armées lui est attribuée en décembre 1917 : "Aux Eparges depuis plus de 8 mois, a montré au cours de la lutte souterraine engagée, sa compétence et son courage [...]". En mai 1918, la compagnie quitte les travaux des mines aux Eparges (Meuse). Lucien Faucon note dans son journal :
"Bien tristes souvenirs de quinze mois d'une vie de galère. De bien grandes souffrances à tous points de vue sans obtenir de résultats. Logé dans la mine sans air et dans l'humidité [...] souvent dans l'eau. Aucun repos. Dix kilomètres à faire sous les balles et les obus pour venir dans la forêt d'Ablonville. [...] Logés dans des baraques en bois, au milieu de la forêt, aucune distraction [...] Pas beaucoup de pertes en tués et en blessés mais beaucoup de malades. Le jour de la relève [...] trente quatre hommes tués et douze blessés."
Le 13 septembre 1918, après l'attaque du saillant de Saint-Mihiel (Meuse), Lucien Faucon relève :
"Je suis rentré à Mihiel évacué par les Allemands [...]. Beau souvenir de cette journée. Les civils nous portaient en triomphe. Ne savaient comment nous montrer leur joie. Les pauvres gens étaient dans un triste état. Epuisement complet".
Le 11 novembre 1918, Lucien Faucon termine son journal par ses mots "Fin des hostilités à 11 heures".
Promu au grade de sous-lieutenant, il est démobilisé le 19 mars 1919. Croix de guerre avec cinq citations, il reçoit également la médaille de Verdun.
En 1920, il est élu au Conseil d'administration de la Chambre syndicale des débitants, restaurateurs et hôteliers. Il est fait Chevalier de la Légion d'Honneur en 1923. Il devient trésorier général de la fédération nationale du sauvetage en 1927, est élu à la Chambre de commerce de Paris en 1935, en devient le secrétaire en 1944 puis le vice-président en 1946-1947. C'est à ce titre qu'il devient Officier de la Légion d'Honneur en 1952.
Après la Seconde Guerre mondiale, Lucien Faucon vient s'établir à Ivry-sur-Seine (Seine) rue Procureur (actuelle rue Maurice Coutant) où il possédait une maison depuis les années 30. Il meurt à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne) le 22 décembre 1965 et est inhumé au cimetière communal.