Témoignages

Témoignages

Découvrez plusieurs témoignages d'habitants ou d'anciens habitants de logements sociaux d'Ivry-sur-Seine et de la descendante d'un ouvrier italien ayant travaillé sur le chantier de construction de la cité Philibert Pompée (actuelle cité de l'Insurrection).

Ces témoignages rappellent que chaque parcours individuel constitue une part de l'histoire du logement social à Ivry. Ils viennent l'éclairer et l'enrichir de leur singularité tout en se rattachant, bien souvent, à des trajectoires et expériences collectives.       

Vivre dans la cité Maurice Thorez

Chantal Garric, habitante du bâtiment B de la cité Maurice Thorez de 1955 à 1968, ancienne institutrice dans les écoles maternelles d’Ivry, partage ses souvenirs de jeunesse dans la cité :

Nous étions une flopée d’enfants dans ces bâtiments. Nous jouions en bas, sous le hall, et dans le parc quand nous ne courions pas dans les coursives qui communiquaient dans le bâtiment central. Nous fréquentions la même école Robespierre, les colonies des Mathes et d’Héry sur Ugine qui ont forgé les amitiés qui perdurent depuis 60 ans. 
Le nouveau confort de cette si belle cité, les appartements clairs, l’ascenseur qui nous faisait un peu peur, l’aide entre voisins, ont fait de moi une Ivryenne pour toujours.  
Cité Maurice Thorez. Crédits : Archives municipales d'Ivry-Sur-Seine / Photographie Jean Herrmann.
Cité Maurice Thorez. Crédits : Archives municipales d'Ivry-Sur-Seine / Photographie Jean Herrmann.
Enfants au pied de la cité du 173, route Stratégique, 1939. Crédits : Archives municipales d'Ivry-sur-Seine / Don privé.
Enfants au pied de la cité du 173, route Stratégique, 1939. Crédits : Archives municipales d'Ivry-sur-Seine / Don privé.

Une cité pour les familles nombreuses

La famille d’Angèle Padovani, alors âgée de 5 ans, emménage dans la cité du 173, route Stratégique (actuelle rue Marcel Hartmann) en 1930. Cette cité a été détruite en 2012. Interviewée en 2012, Angèle Padovani raconte :

J’ai habité pendant 40 ans au 173. Je suis arrivée à 5 ans en 1930 et je suis partie en 1970. On était 3 enfants, mon père et ma mère. Mes parents sont nés en Corse. Mon père, quand son service militaire a été terminé, a été nommé à Paris pour être facteur.
Les premières années, on était au bâtiment numéro 7 puis on est allé dans un autre bâtiment. Alors, on couchait toutes les trois dans la même chambre. Il y avait deux lits, un grand et un petit. On avait l’eau, le gaz, l’électricité, seul le chauffage manquait. C’était plutôt confortable pour l’époque parce qu’il y avait beaucoup d’endroits dans Ivry où il n’y avait pas d’eau courante. […] En tout, on était 670 enfants. […] C’était une cour de récréation, beaucoup d’enfants descendaient leurs jouets. […]
On aurait pu vivre [dans la cité] sans même aller au marché. Il y avait un bazar qui avait de tout, des valises… Il y avait le boucher, un boucher ordinaire, et après il y avait Maggi, où on prenait le lait… Et puis encore après, c’était le poissonnier qui venait tous les vendredis. Il y avait également un épicier, il s’appelait monsieur [Lheureux]. On avait des médecins qui se déplaçaient, et alors une dame extraordinaire, elle s’appelait mademoiselle [Canel], elle était dévouée, très souvent c’était gratuit. […]

Découvrez les témoignages d'anciens habitants de la cité du 173, rue Marcel Hartmann sur le site ivry94.fr 

Ouvriers des HBM Marat-Robespierre, 4 octobre 1937. Crédits : Archives municipales d’Ivry-sur-Seine.
Ouvriers des HBM Marat-Robespierre, 4 octobre 1937. Crédits : Archives municipales d’Ivry-sur-Seine.
Cité Philibert Pompée (actuelle cité de l'Insurrection), 1935. Crédits : Archives municipales d'Ivry-sur-Seine.
Cité Philibert Pompée (actuelle cité de l'Insurrection), 1935. Crédits : Archives municipales d'Ivry-sur-Seine.

Ouvriers du bâtiment

L’oncle d’Odette Favre, arrivé à Ivry en 1922, était ouvrier sur le chantier de la cité Philibert Pompée (actuelle cité de l’Insurrection). Sa nièce raconte la trajectoire de ce travailleur immigré :

Le Val d’Astico, une des vallées de Vénétie, a énormément souffert de la Première Guerre mondiale. Les habitants ont été obligés de fuir leur vallée durant le conflit et ont été déplacés dans d’autres régions d’Italie, éloignées du front. À leur retour, ils ont trouvé leur vallée dévastée. Après la reconstruction, les possibilités de travail étaient rares dans la région et plus importantes ailleurs. C’est ainsi que nous retrouvons certains Italiens du Veneto dans les chantiers de logements sociaux à Ivry et à Paris dans les années 1920-1930.
De nombreux contrats de travail ont été établis par un entrepreneur d’origine piémontaise : Diligenti. Installé à Chauny, il a fait la guerre dans la région et a eu l’occasion de connaître la population locale. Les ouvriers étaient ensuite répartis suivant les besoins dans différentes entreprises françaises, à Paris en premier lieu où l’offre était importante.
Durant les années 1920-1930, les ouvriers italiens vivaient principalement dans des baraquements, ou préfabriqués. Parfois, certains étaient logés dans des bâtiments appartenant à l’entreprise qui les employait. Ils avaient été rejoints, pour certains, par leur famille. La cuisine était souvent faite par l’un.e des émigré.es italien.nes, pour la collectivité des ouvriers. Des sympathies et des amitiés se sont nouées avec les autochtones, et des amours avec la gent féminine locale. Beaucoup ne revinrent plus aux pays d’origine et créèrent des familles en France.
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