Exhumation clandestine

Charles Leclère né en 1898 à Paris (13e arrondissement), entre à l'école du Petit-Ivry (actuelle école Maurice Thorez) en 1908. Il habite 12 rue Jules Ferry. Son père est alors employé de banque et sa mère, marchande de vins. Deux ans plus tard, il obtient le certificat d'études et, en 1912, devient élève boursier à l'école commerciale-Rive gauche de Paris.

En 1918, Charles Leclère est mobilisé avec les hommes de sa classe d’âge. Il n'a pas encore 20 ans. Le 1er août 1918, il participe à l’offensive menée par les troupes françaises à Tigny (Aisne). Il meurt, à 9 heures du matin, dès le début de l’attaque. Il est enterré sur place avec 65 autres soldats.

A plusieurs reprises, ses parents se rendent sur sa tombe, surmontée d’une croix et d'une pancarte en tôle portant le nom de leur enfant. Ayant appris que le corps du capitaine de la compagnie à laquelle appartenait leur fils et, inhumé près de lui, avait été exhumé, ils s'adressent à un capitaine faisant fonction d’officier de l’état-civil à Villers-Cotterêts pour lui demander l’autorisation d’exhumer et de transporter le cadavre de leur fils. En vain.

Ils décident alors de partir à Villers-Cotterêts avec la camionette d'un entrepreneur de transport. Dans cette ville, ils achètent pour 300 francs une bière en chêne avec zinc. A la tombée de la nuit, avec un ouvrier plombier et deux ouvriers agricoles embauchés dans les environs, ils se rendent dans la grande plaine située à 8 ou 10 kilomètres de la gare de Vierzy où était inhumé leur fils. Ils exhument le cadavre reconnaissant avec certitude leur fils grâce à ses bretelles, chaussettes, chemise et caleçon qui étaient intacts. Après avoir fait souder le zinc, le cercueil est fermé. Les parents de Charles Leclère reviennent alors à Ivry pour inhumer leur fils au cimetière communal d'Ivry (Division 09bis-Plan 0678).

Surpris ou dénoncé, le père de Charles Leclerc expliquera au commissaire de police d'Ivry qu'il il a enfreint les règlements sur les exhumations et transports de cadavres parce que sa "femme désirait si ardemment, maladivement même donner une sépulture convenable" à leur fils.

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