Sur les traces de l’histoire de l’esclavage
Découvrir, comprendre, transmettre, des collégiens en action
Sur les traces de l’histoire de l’esclavage
Découvrir, comprendre, transmettre, des collégiens en action
Un projet pédagogique au long cours
Entre le milieu du 17e siècle et le milieu du 19e siècle, l’exploitation organisée et licite d’esclaves noirs ou métis, africains ou d’ascendance africaine, a constitué l’un des fondements du développement des colonies esclavagistes françaises*. Environ 2 millions d’Africains y ont été déportés en un peu plus de deux cents ans.
La traite négrière atlantique a profondément façonné l’histoire des territoires mis en relation par le commerce triangulaire** : les colonies européennes*** du continent américain et des Caraïbes, des sociétés et États africains (en tant que victimes ou acteurs de la traite), et les métropoles européennes qui ont participé aux différents volets de ce commerce. En Outre-mer et dans l’Hexagone, la société française contemporaine porte encore aujourd’hui des marques de cette histoire complexe faite de violence et de souffrance mais aussi de combats libérateurs et émancipateurs.
Durant l’année scolaire 2021/2022, elle a constitué un vaste sujet d’étude pour les 24 élèves de la classe de 4e 3 du collège Henri Wallon d’Ivry-sur-Seine. Encadrés par Sophie Germain, leur professeure d’Histoire-Géographie, le service Archives-Patrimoine de la ville d’Ivry-sur-Seine et Gwladys Aurivel, descendante d’esclaves antillais engagée dans la transmission de l’histoire de l’esclavage atlantique, les élèves ont découvert l’histoire des sociétés coloniales esclavagistes françaises en travaillant plus particulièrement sur l’exemple de la Guadeloupe et de l’habitation sucrière Beausoleil (située sur le territoire actuel de la commune de Saint-Claude). Dans cette exposition virtuelle, ils racontent les différentes étapes du projet, les recherches qu’ils ont menées et les rencontres auxquelles ils ont participé.
* Les principales colonies esclavagistes françaises ont été Saint-Domingue (Haïti), la Martinique, la Guadeloupe, l’Île Bourbon (La Réunion), l’Île de France (Île Maurice), la Guyane et la Louisiane.
** Commerce triangulaire : désigne les échanges commerciaux à grande échelle opérés entre le 16e et le 19e siècle par des navires européens entre l’Europe, l’Afrique et l’Amérique. L’une des trois étapes majeures consistait en la déportation d’esclaves africains depuis les côtes de l’Afrique vers les colonies européennes du continent américain, des Caraïbes et de l’océan Indien.
*** L’Espagne, le Portugal, l’Angleterre, les Pays-Bas, la France et le Danemark ont été les principaux états européens à posséder des colonies esclavagistes sur le continent américain et dans les Caraïbes.
La méthode de travail
Le projet « Sur les traces de l'histoire de l’esclavage » a été construit en trois phases.
- Explorer les sources de l’histoire
En novembre et décembre 2021, les élèves ont découvert des éléments fondamentaux de l’histoire de l’esclavage dans les colonies esclavagistes françaises à partir de l’exemple de la Guadeloupe. Au cours de trois ateliers pédagogiques, ils ont analysé une grande diversité de documents d’archives et ont été sensibilisés aux travaux scientifiques d’historiens et d’archéologues.
- Une série de rencontres
De décembre à mars, ils ont eu la chance de pouvoir rencontrer trois types d’acteurs qui jouent un rôle important dans la production ou la transmission de l’histoire et de la mémoire de l’esclavage.
- La construction de l’exposition virtuelle
Au mois de mars 2022, à l’occasion de deux séances de travail collectif, les élèves ont contribué à la construction de l’exposition virtuelle :
- Ils ont d’abord choisi sa structure intellectuelle, c’est-à-dire l’organisation générale des idées qu’ils souhaitaient mettre en avant dans l’exposition. Ils ont choisi un plan qui livre un « récit » du projet, de la première à la dernière séance de travail, et qui met en avant ce qu’ils ont appris et retenu de leurs recherches et des rencontres auxquelles ils ont participé.
- Dans un second temps, ils ont été répartis en 6 groupes d’élèves. Chaque groupe avait en charge une partie de l’exposition. Ils ont dû rassembler et organiser les idées structurantes et choisir les documents illustrant le propos.
À partir de tous ces éléments fournis par les élèves, un archiviste du service Archives-Patrimoine de la ville d’Ivry a rédigé les textes et mis en forme l’exposition virtuelle. Enfin, le vendredi 13 mai 2022 les élèves ont présenté l’exposition virtuelle lors d’une soirée de présentation publique organisée à l’auditorium Antonin Artaud de la médiathèque municipale d’Ivry-sur-Seine dans le cadre de l'évènement municipal Ivry contre l'esclavage ! 2022 .
La Guadeloupe, colonie esclavagiste française (1635-1848) (1/2)
Notre travail de recherche a débuté par la découverte d’éléments généraux de l’histoire de la Guadeloupe et du fonctionnement de la société guadeloupéenne durant la période esclavagiste. Nous nous sommes appuyés sur des travaux d’historiens et avons notamment étudié une carte de la Guadeloupe en 1840.
L’essentiel à retenir
La Guadeloupe est une île de l’archipel des Petites Antilles située dans la mer des Caraïbes. Sa conquête par les colons français au dépend des populations amérindiennes autochtones commence en 1635 et provoque plusieurs années de conflits armés.
Dans la deuxième moitié du 17ème siècle, le royaume de France décide de faire des colonies françaises des lieux de production agricole à forte valeur ajoutée. La production de sucre s’impose rapidement en Guadeloupe. Le tabac, l’indigo, le coton, le café et le cacao font également partie des produits destinés à l’exportation vers la métropole. Au début de la colonisation, la mise en valeur des terres repose en grande partie sur le recrutement d’engagés* dans les ports français. Mais, dès 1670, le recours aux esclaves africains déportés par les navires négriers** se généralise, principalement sous l’effet du développement de la production sucrière qui nécessite des surfaces importantes et une main d’œuvre nombreuse. La proportion d’esclaves en Guadeloupe augmente rapidement.
Jusqu’en 1848 (abolition définitive de l’esclavage dans les colonies françaises), trois grandes catégories juridiques de population composent la société guadeloupéenne :
- les esclaves : déportés d’Afrique ou d’ascendance africaine nés en Guadeloupe (esclaves créoles), ils sont noirs ou métis. Dès le 18e siècle, les esclaves sont beaucoup plus nombreux que les deux autres catégories d’habitants de la Guadeloupe.
- les Blancs : ils sont libres même si les engagés constituent une catégorie spécifique. Les grands propriétaires terriens et les grands négociants constituent l’élite de la colonie, concentrent entre leurs mains l’essentiel du pouvoir local et possèdent de nombreux esclaves. Beaucoup de Blancs pauvres ou de condition modeste habitent également la colonie. Appelés « petits Blancs », ils tiennent des petites boutiques ou sont ouvriers, marins, commis…
- les libres de couleurs : ils sont noirs ou métis, anciens esclaves affranchis ou nés libres. Entre 1685 et 1833, ils subissent des lois de ségrégation raciale. Pour autant, l’élite des libres de couleurs joue un rôle actif dans l’économie coloniale notamment les petits propriétaires fonciers qui possèdent des plantations et des esclaves. Les marins, pécheurs, ouvriers, fermiers et domestiques sont nombreux parmi les libres de couleurs. Cette catégorie de population connait une croissance démographique constante durant la période esclavagiste.
Ces trois catégories juridiques de population entretiennent de nombreuses interactions de nature différente. Elles sont notamment à l’origine d’un important métissage.
* Engagé : Européen qui s’engage à servir 36 mois le maître qui a payé son voyage de la métropole vers la colonie. Il peut être revendu par son maître et peut travailler dans les habitations au côté des esclaves. Ses conditions de vie sont très difficiles.
** Dans les colonies françaises, l’esclavage est autorisé par Louis XIII en 1642.
La Guadeloupe, colonie esclavagiste française (1635-1848) (2/2)
Notre exploration du fonctionnement de la société esclavagiste guadeloupéenne s’est poursuivie par une étude du statut des esclaves à partir de l’analyse de documents d’état-civil et de la découverte du Code noir.
L’essentiel à retenir
La comparaison de l’acte de naissance de Lucile, esclave née le 27 août 1839 à Basse-Terre extra-muros (actuelle commune de Saint-Claude, Guadeloupe), avec celui de Louis Savoural, Ivryen né le 26 août 1839, permet de mettre en évidence la position d’infériorité des esclaves dans la société de l’époque. De nombreuses différences entre les deux actes apparaissent distinctement. Contrairement à Louis Savoural et comme tous les esclaves, Lucile n’a pas de nom de famille. L’identité de son père n’est pas mentionnée et sa mère, Félicité, est désignée par le terme de « négresse ». Ce ne sont pas les parents de Lucile qui déclarent sa naissance et ils ne signent pas l’acte.
Ci-dessous, la très grande concision des actes d’état-civil des esclaves est mise en évidence par la comparaison visuelle des actes de naissance de Lucile et de Louis :
Légende des documents :
Extrait du registre des actes de naissances, décès, mariages des esclaves de la commune de Basse-Terre extra-muros (Saint-Claude), 1837-1839. Une page peut regrouper une quinzaine d'actes. Crédits : Archives départementales de la Guadeloupe (18 E DEPOT 184).
Extrait du registre des actes de naissances, décès, mariage de la commune d’Ivry-sur-Seine 1831-1840. Une page regroupe en moyenne deux actes. Crédits : Archives municipales d’Ivry-sur-Seine.
Ces différences s’expliquent par le statut juridique des esclaves défini par les édits, arrêts et règlements regroupés dans les différentes éditions du Code noir. Élaboré à l’initiative de Colbert, l’édit de mars 1685 est le premier texte officiel à réglementer l’esclavage dans les colonies françaises. L’esclave est considéré comme un être humain mais avec un statut juridique de bien meuble. Il appartient à son maître qui peut le vendre, le donner, le louer, ou le léguer en héritage… Il n’a pas de personnalité juridique. La loi du 24 avril 1833 reconnait aux esclaves le statut de « personne non libre ».
Les esclaves sont soumis à un régime de sanctions spécifiques et subissent de nombreuses interdictions (s’attrouper, circuler librement, posséder des armes, se marier sans l’accord du maître…). Les maîtres ont des obligations vis-à-vis de leurs esclaves : les baptiser et les instruire dans la religion catholique, les nourrir, les vêtir, les soigner…
Comme une grande partie de sa famille, Lucile naît esclave sur l’habitation* Beausoleil située à Basse-Terre extra-muros (actuelle commune de Saint-Claude). Les registres des nouveaux libres conservés aux Archives départementales de la Guadeloupe permettent d’identifier au moins dix membres de la famille de Lucile vivant sur l’habitation en 1848 : son grand père, sa mère et son père, quatre cousins et cousines, trois oncles et tantes. Hormis son grand-père, qui est né en Afrique et a donc été déporté aux Antilles par un navire négrier, ils sont tous nés à Basse-Terre extra-muros.
* Habitation : désigne, dans les colonies françaises, une exploitation agricole comprenant les terres, les bâtiments, les esclaves et le bétail. La plupart des habitations sont spécialisées dans la production d’une denrée.
Conception de la partie : Stéphane, Liane, Racha, Nino
La vie des esclaves au sein de l’habitation Beausoleil (1/2)
Nous avons poursuivi notre travail de recherche en essayant de mieux comprendre l’histoire et l’organisation de l’habitation sucrière Beausoleil dont Lucile et sa famille étaient esclaves jusqu’en 1848. Le plan de l’habitation dressé en 1775 et le documentaire de l’Inrap* réalisé en 2015 ont été des outils précieux.
L’essentiel à retenir
Située sur le territoire de la commune de Basse-Terre extra-muros (actuelle commune de Saint-Claude), l’habitation est installée sur les pentes du volcan la Soufrière à environ 300 mètres d’altitude. Elle est propriété de la famille Le Pelletier de Montéran depuis le milieu du 18e siècle. Cette grande habitation est spécialisée dans la production de sucre. Entre la fin du 18e siècle et 1848, environ 150 esclaves y sont exploités. Le plan dressé en 1775 permet de localiser les parties résidentielles (maison des propriétaires) et les installations destinées à la fabrication du sucre (moulin et raffinerie) dans la partie sud-ouest de l’habitation. Les cases des esclaves, construites en maçonnerie (fondations) et en planches de bois (murs) dans les années 1830-1840, sont regroupées à proximité de ces bâtiments. Les terres agricoles sont en grande partie occupées par les champs de cannes à sucre. Des bois, des parcelles dédiées à des cultures vivrières (jardins des esclaves), à la production de café ou au pâturage des animaux (les savanes) complètent l’ensemble.
Des fouilles réalisées par des archéologues de l’Inrap en 2015 ont mis au jour les vestiges des parties résidentielles de l’habitation dont la taille révèle la richesse des propriétaires. Véritables produits de luxe aux 18e et 19e siècles, les poteries et céramiques en porcelaine retrouvées sur le site renforcent ce constat. Cette opulence s’explique sans doute par l’importante production sucrière de la plantation. Beausoleil fait partie des grandes habitations de l'île de Basse-Terre tant par l’ampleur de ses surfaces agricoles que par le nombre d’esclaves qui y sont exploités.
* Institut national de recherches archéologiques préventives. L’Inrap est un institut public de recherche qui assure la détection et l’étude du patrimoine archéologique touché par les travaux d’aménagement du territoire.
La vie des esclaves au sein de l’habitation Beausoleil (2/2)
Pour essayer de mieux comprendre les conditions de vie et de travail des esclaves sur une habitation sucrière, nous avons poursuivi notre enquête grâce à des travaux d’historiens et en étudiant des documents décrivant la production du sucre. Malheureusement, nous n’avons pas pu accéder à des sources permettant d’étudier la vie des esclaves sur l’habitation Beausoleil en particulier.
L’essentiel à retenir
Sur une habitation sucrière, la vie et le travail des esclaves sont rythmés et organisés autour de la production du sucre. De la plantation à la récolte des cannes, le travail exténuant dans les champs est l’affaire des esclaves cultivateurs. Une fois coupées, les cannes sont transportées au moulin pour être broyées. Le jus qui en est extrait est ensuite chauffé dans les chaudières de la sucrerie puis mis dans des barriques ou des formes à sucre pour qu’il se purge de son eau. Ces barriques et formes à sucre sont ensuite transportées au bourg puis expédiées vers la France. Toutes ces étapes sont réalisées essentiellement par des esclaves sous la surveillance du commandeur dont l’autorité est symbolisée par le fouet. En fonction de leur âge, de leur santé et de leur force de travail, les esclaves sont répartis entre le grand atelier (esclaves les plus robustes, hommes ou femmes) et le petit atelier (esclaves âgés, malades ou diminués, enfants de 7 à 14 ans).
Les esclaves d’une habitation sucrière vivent dans l’espace clos de la plantation. Ils sont soumis à de très longues journées de travail et subissent l’arbitraire des maîtres dont l’autorité repose en partie sur l'usage de la violence. Les conditions de vie matérielle des esclaves sont précaires, la nourriture et les vêtements fournis par les propriétaires souvent insuffisants. De plus, une importante hiérarchie interne structure le monde servile. Elle repose sur des critères tels que la couleur de peau ou l’origine mais aussi sur les tâches confiées à chaque esclave :
- les cultivateurs, dont le travail est particulièrement harassant, se retrouvent à la base de cette hiérarchie. Dans cette catégorie, les esclaves « nouveaux » (déportés d’Afrique) sont nombreux.
- les esclaves « à talents » sont des esclaves qui possèdent des compétences spécifiques dans l’artisanat (maçon, menuisier…) ou la production du sucre par exemple (moulinier, raffineur). Leurs services peuvent être loués hors de l’habitation.
- les domestiques vivent dans des conditions matérielles plus favorables et ont une grande proximité avec les maîtres. Ils peuvent espérer accéder plus facilement à l’affranchissement.
- le commandeur dirige le travail dans les champs. Ce rôle témoigne de la confiance accordée par le maître. Le commandeur n’est pas systématiquement un esclave.
Cette hiérarchie contribue à opposer les esclaves entre eux et à renforcer l’ordre esclavagiste. Les grandes habitations sucrières sont souvent dirigées par un géreur à qui le propriétaire confie la bonne marche de la production. Le géreur peut s’appuyer sur un économe qui organise concrètement le travail sur l’habitation et donne les ordres au commandeur. Géreurs et économes sont des hommes libres.
Conception de la partie : Yani, Thomas, Maria Paola, Rui, Barbara
Les chemins de la liberté (1/2)
Nous avons ensuite cherché à comprendre comment des esclaves tentent de résister ou d’échapper à l’ordre esclavagiste, en particulier dans le contexte guadeloupéen. Nous avons notamment étudié un avis de recherche d’esclaves marrons paru dans la Gazette de la Guadeloupe en 1788.
L’essentiel à retenir
L’affranchissement, c’est-à-dire le fait qu’un propriétaire rende sa liberté à un esclave, constitue la manière la moins dangereuse pour un esclave d’obtenir la liberté. Sa pratique existe dès le début de l’esclavage et perdure jusqu’en 1848 malgré les tentatives des autorités pour en limiter l’étendue. L’affranchissement traduit une volonté de récompenser un esclave pour des raisons diverses : service rendu, relation de confiance, de fidélité voire d’amitié, paternité, service dans l’armée… Mais il reste inaccessible pour de nombreux esclaves.
Au sein des habitations, des esclaves ont pu mettre en pratique de nombreuses formes de résistance* à l’ordre esclavagiste. Au quotidien, il s’agit surtout d’échapper partiellement au travail et de ralentir la production des denrées d’exportation, ce qui revient à s’attaquer au fondement de la société coloniale guadeloupéenne. Cela se traduit de multiples manières : lenteur volontaire au travail, simulation de maladie, retard, sabotage, vol… Les comportements peuvent être plus destructeurs et radicaux, allant jusqu’à l’incendie de terres, l’automutilation, le suicide et l’infanticide.
En Guadeloupe, dès le début de l’esclavage, des esclaves ont cherché à s’enfuir pour vivre cachés soit dans la nature soit en ville en se faisant passer pour libre de couleur. Ces esclaves sont qualifiés de marrons**. Sur l’île, le premier cas est mentionné en 1641. Les causes du marronnage peuvent être multiples : refus de la condition d’esclave, disette, vol, violence, concubinage, crainte de châtiments… Des avis de recherche publiés dans la Gazette de la Guadeloupe en 1788 témoignent de la volonté de propriétaires de retrouver leurs esclaves en fuite. Les esclaves recherchés y sont décrits avec de nombreux détails physiques et vestimentaires permettant de les identifier. Des récompenses sont promises contre leur capture.
Sur l’île de Basse-Terre (partie ouest de la Guadeloupe à laquelle appartient l’habitation Beausoleil) le relief montagneux très accidenté et la forêt dense fournissent un refuge naturel pour des esclaves en fuite. Au cœur du massif des Mamelles, le camp dit « des Kellers », véritable camp autonome de marrons, a été créé au début du 18e siècle et a perduré jusqu’à la fin de la période esclavagiste. Installé dans un secteur très difficile d’accès, il est retranché derrière des systèmes défensifs. La communauté se structure autour d’un chef. Les marrons cultivent des jardins, chassent et pêchent dans la forêt et commettent des vols dans les habitations les plus proches en cas de besoin. Les autorités coloniales n’ont jamais réussi à réduire le camp des Kellers.
Reportage « Les Marrons résistants de Guadeloupe » réalisé par la chaîne Guadeloupe la 1ère (Groupe France Télévision), 2018. Crédits : Guadeloupe la 1ère.
* La définition des comportements qui peuvent être assimilés à de la résistance de la part des esclaves est très discutée par les historiens, de même que l’étendue du phénomène. Les sources sont peu nombreuses et beaucoup proviennent des colons.
** Il est généralement admis que marron dérive de l’espagnol Cimarron qui signifie fugitif, sauvage ou revenu à l’état sauvage.
Les chemins de la liberté (2/2)
Les révoltes constituent la forme de résistance des esclaves la plus rare mais aussi la plus dangereuse pour les autorités coloniales. En Guadeloupe, des insurrections d’esclaves ont lieu dès les premières décennies de la colonisation et éclatent sporadiquement jusqu’au début du 19e siècle. En 1794, aux côtés des révolutionnaires et des troupes républicaines, des esclaves participent aux combats qui aboutissent notamment à l’abolition de l’esclavage sur l’île. En 1802, d’anciens esclaves combattent également contre son rétablissement décidé par Napoléon.
Cependant, aucune révolte en Guadeloupe ne prend la même ampleur que la révolte des esclaves de Saint-Domingue débutée en 1791. Elle est déclenchée par des esclaves du nord de l’île rejoints par des libres de couleurs et des esclaves de toute la colonie. Toussaint-Louverture, Jean-François et Georges Biassou font partie des principaux chefs des troupes révoltées. L’insurrection des esclaves joue un rôle majeur dans l’abolition de l’esclavage à Saint-Domingue en 1793 puis dans sa confirmation et son extension à l’ensemble des colonies françaises par la Convention nationale* le 4 février 1794. Elle constitue également une étape fondamentale dans l’indépendance d’Haïti qui est proclamée le 1er janvier 1804.
Dès la fin du 17e siècle, d’autres acteurs jouent un rôle majeur dans la lutte contre l’esclavage : les abolitionnistes. Blancs ou libres de couleurs, ces défenseurs de l’abolition de l’esclavage vivent majoritairement en métropole. Certains prennent part à la Révolution française comme Condorcet, l’abbé Grégoire ou Léger-Félicité Sonthonax et participent aux processus amenant à la première abolition en France (4 février 1794). Dans les années 1840, le courant abolitionniste est très actif dans les combats permettant l’abolition définitive de l’esclavage en France. En tant que membres du gouvernement provisoire de la République**, Victor Schœlcher, Alphonse de Lamartine et François Arago poussent ce gouvernement à voter l’abolition de l’esclavage. Le décret est publié le 27 avril 1848.
* La Convention nationale est le parlement qui dirige la France du 21 septembre 1792 au 26 octobre 1795.
** À l’issue de la Révolution française de 1848, qui se déroule à Paris du 22 au 25 février, un gouvernement provisoire est mis en place en attendant les élections à l’Assemblée nationale.
Conception de la partie : Houda, Eleeja, Hawa, Methi
La Médiathèque d’Ivry-sur-Seine et ses outils pour découvrir l’histoire de l’esclavage
Durant les trois premières séances du projet nous avons travaillé sur de nombreuses sources d'histoire afin d’acquérir des connaissances solides sur l’histoire de l’esclavage dans les colonies françaises. Notre parcours de recherche s’est poursuivi par la rencontre de trois types d’acteurs qui jouent un rôle dans la production de la connaissance historique, dans sa diffusion ou qui agissent dans le travail de mémoire.
La première étape s’est déroulée en décembre 2021 à la médiathèque municipale du centre-ville d’Ivry-sur-Seine où nous avons rencontré Esther Lannes et Joël Aguemmoun, tous deux bibliothécaires. Ils nous ont présenté la manière dont les collections de la médiathèque sont classées puis, par un exercice pratique, nous ont initiés à la recherche dans les fonds. Répartis en 7 groupes, nous avons dû rechercher différentes ressources sur l’histoire de l’esclavage en utilisant les outils présentés par les bibliothécaires.
L’essentiel à retenir
Comme la grande majorité des médiathèques et bibliothèques de France, les collections des médiathèques d’Ivry sont organisées selon la classification décimale de Dewey. Celle-ci classe les ressources par discipline (philosophie, religion, sciences sociales, langues…) et permet d’attribuer à chacune d’entre elles un code numérique construit à partir de son positionnement dans la classification : 100 Philosophie ; 500 Sciences ; 700 Arts… Cette classification permet également de localiser avec précision un document dans les rayonnages de la médiathèque.
Le moteur de recherche accessible sur le site web des médiathèques d’Ivry offre la possibilité d’identifier dans l’ensemble des collections les médias qui répondent aux critères de recherche renseignés par l’usager. Ces critères peuvent être plus ou moins précis. Par exemple, plusieurs dizaines de ressources répondent à la thématique « histoire de l’esclavage ». Il est alors possible d’affiner la recherche en définissant le type de supports (livre, DVD…), la catégorie (documentaire, fiction…), la section (adulte, jeunesse)… Lorsque l’usager sélectionne un média, sa fiche de description fournit les informations nécessaires pour le retrouver dans les rayonnages.
C’est tout ce processus de recherche documentaire dans les vastes collections de la médiathèque d’Ivry que nous avons expérimenté au cours de cette séance. En effet, chaque groupe devait trouver plusieurs ressources en commençant par l’utilisation du moteur de recherche afin de les localiser dans la médiathèque. Nous avons ensuite pu récupérer ces ressources et en faire une description sommaire.
En analysant l’ensemble des ressources réunies par les différents groupes, nous avons avancé deux pistes de réflexion. Les ressources concernant l’histoire et la mémoire de l’esclavage sont nombreuses et diversifiées : ressources adultes, enfants ou adolescents, ouvrages scientifiques ou de fiction, documentaires ou films de fiction, bandes dessinées… Le sujet semble donc toucher un public important, constituer un sujet d’étude intéressant pour les chercheurs et se révèle une source d’inspiration pour de nombreux auteurs, artistes ou documentaristes. Cependant, la plupart des ressources que nous avons analysées sont récentes. Faut-il en conclure que l’intérêt suscité par l’histoire de l’esclavage auprès des chercheurs, des artistes et du public est un phénomène plutôt récent ?
Les deux rencontres auxquelles nous avons participé en janvier et mars 2022 ont apporté quelques éléments de réponse à cette interrogation.
Conception de la partie : Mathis, Hanna, Hadja, Joseph
La découverte du métier d’historien
En janvier 2022, nous avons rencontré Adélaïde Marine-Gougeon, doctorante en histoire, afin de mieux comprendre comment la connaissance historique sur l’histoire de l’esclavage est produite. Lors de cette rencontre, nous avons posé de nombreuses questions à cette historienne dans le but de mieux cerner son métier, son parcours et ses sujets de recherche. Madame Marine-Gougeon nous a également permis de toucher du doigt le niveau d’exigence du travail de l’historien en analysant avec nous une source spécifique, le témoignage d’un esclave lors d’un procès survenu en Guadeloupe en 1847.
L’essentiel à retenir
Adélaïde Marine-Gougeon est une historienne spécialisée dans l’histoire de la Martinique au 19e siècle. Elle entame ses études d’histoire après l’obtention du baccalauréat et franchit les étapes successives la conduisant à la préparation d’une thèse. Elle valide d’abord sa licence puis ses deux années de master de recherche en histoire. Elle poursuit en réussissant l’agrégation d’histoire. Elle prépare actuellement sa thèse de doctorat d’histoire à l’université Sorbonne Université sous la codirection de Jacques-Olivier Boudon (Sorbonne Université, Centre d’histoire du XIXe siècle) et de Myriam Cottias, (CNRS, CIRESC) intitulée Circulations, réseaux et identité des familles blanches créoles de la Martinique au XIXe siècle, entre transcolonialisme et affirmation nationaliste. Cette étape est indispensable pour devenir chercheuse dans une université ou un centre de recherche. En parallèle de son activité de recherche, elle est enseignante à Sorbonne Université (cours à destination d’étudiants en licence d’Histoire). Le choix de son sujet de recherche est notamment lié à son histoire personnelle et à sa volonté de mieux comprendre l’histoire de la Martinique, île d’origine de sa famille. Son engagement dans la très exigeante voie professionnelle de la recherche est soutenu par son entourage familial.
Adélaïde Marine-Gougeon est entrée pleinement dans le métier de chercheuse en histoire avec la préparation de sa thèse de doctorat d’histoire. Une thèse doit prendre la forme d’un travail de recherche original (sujet ou angle d’approche inédit) et satisfaire aux exigences de la recherche scientifique. Lors des échanges, l’historienne nous a présenté quelques principes de la méthodologie qu’elle applique à ses recherches. Elle commence par formuler des hypothèses sur un problème précis puis poursuit son travail en étudiant différents documents d’archives qui lui permettent d’infirmer ou de confirmer ses hypothèses. Elle a notamment beaucoup travaillé aux Archives nationales d’outre-mer (Aix-en-Provence). Ce travail sur les documents d’archives est au cœur du métier d’historien. Il consiste notamment en un croisement et une analyse critique très rigoureuse des sources. Dans le cadre d’une thèse, ce travail peut s’étaler sur plusieurs années et se confronter à de nombreuses difficultés : manque de sources pour étudier un sujet, mauvais état des documents, fermeture des centres d’archives à cause de la pandémie de Covid-19, solitude face à une masse de données très importante… Il nécessite beaucoup de discipline mais, par sa nature, offre une certaine liberté d’organisation. Enfin, elle nous a expliqué qu’aujourd’hui la recherche sur l’histoire de l’esclavage en France est plutôt dynamique mais qu’avant les années 1990-2000, c’était moins vrai.
Adélaïde Marine-Gougeon nous a ensuite guidés dans l’analyse d’un document d’archives : le témoignage du commandeur de l’habitation Floréal située à Marie-Galante (île dépendante de la Guadeloupe), un esclave, au cours d’un procès intenté pour mauvais traitement par un autre esclave de l’habitation contre le géreur de celle-ci, le sieur Filias-Boulogne. Les témoignages de ce procès ont été rapportés par Victor Schoelcher dans son ouvrage publié en 1847, Histoire de l’esclavage pendant les deux dernières années. Cet exercice pratique nous a permis de mesurer l’exigence que requiert l’analyse d’une source d’histoire afin d’éviter les contre-sens et les erreurs d’interprétation. Nous avons notamment établi les intérêts de chacun des protagonistes et réfléchi aux rapports de force et de pouvoir existant entre les différents acteurs du procès afin de repérer les biais possibles pouvant orienter le contenu de chaque prise de parole. L’historienne nous a également poussés à identifier les limites des informations livrées par les sources : peut-on avoir une confiance absolue dans les témoignages et leur transcription ?
Grâce à Adélaïde Marine-Gougeon, cette séance s’est révélée très riche pour découvrir le métier d’historien.
Photographie de fonds : La Sorbonne, Paris, 2015. Crédits : Mbzt, CC BY-SA 4.0 via Wikimedia Commons.
Conception de la partie : Haby, Zelimkan, Jean-Paul, Max
Comment des descendants d’esclaves réhabilitent la mémoire de leurs ancêtres ? (1/2)
En mars 2022, Emmanuel Gordien, le président de l’association mémorielle antillaise Le Comité Marche du 23 mai 1998 (CM98) est venu en classe pour échanger avec nous. Il nous a présenté l’histoire et les actions de l’association puis nous a expliqué le processus de nomination des esclaves dans les colonies françaises après l’abolition de l’esclavage en 1848. Cette rencontre nous a aidés à mieux percevoir l’importance de la transmission de l’histoire et de la mémoire de l’esclavage et de comprendre comment des acteurs associatifs peuvent prendre part au travail de mémoire et contribuer à l’évolution de la société française.
L’essentiel à retenir
L’association CM98 a été créée le 30 novembre 1999 par les organisateurs de la marche silencieuse qui s’est déroulée le 23 mai 1998 à Paris. Programmée à l’occasion des 150 ans de l’abolition de l’esclavage dans les colonies françaises, cette marche a réuni environ 40 000 personnes venues honorer la mémoire des victimes de l’esclavage colonial et redonner aux esclaves toute leur place dans la mémoire collective.
Grâce au site web Outre-mer la 1ère, découvrez un reportage réalisé par la chaîne RFO dans la manifestation organisée le 23 mai 1998 à Paris.
La marche du 23 mai 1998 joue un rôle important dans le processus qui conduit à l’adoption de la loi du 10 mai 2001 tendant à la reconnaissance de la traite et de l’esclavage comme crimes contre l’humanité.
Le 10 mai 2001, le Sénat adopte la loi tendant à la reconnaissance de la traite et de l’esclavage comme crimes contre l’humanité. Cette loi est aussi appelée loi Taubira en référence à Christiane Taubira, alors députée (1ère circonscription de Guyane) et rapporteuse de la loi à l’Assemblée nationale.
Cette loi impulse des évolutions importantes dans la politique mémorielle nationale et dans la transmission de l’histoire de la traite et de l’esclavage :
- l’enseignement de cette histoire est inscrit dans les programmes scolaires.
- le Comité national pour la mémoire et l’histoire de l’esclavage est créé en 2004 (devenu Fondation pour la mémoire de l’esclavage).
- le 10 mai est institué comme « Journée nationale des Mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions ».
D’une manière plus générale, cette loi marque une véritable prise de conscience dans la société française qui se traduit, par exemple, par le développement d’espaces muséographiques consacrés à l’histoire de la traite et de l’esclavage dans des musées publics d’anciens ports négriers français comme Nantes, Bordeaux, La Rochelle ou Lorient.
L’association CM98 s’est également battue de nombreuses années avec succès pour que la date du 23 mai soit reconnue comme une date nationale de commémoration des victimes de l’esclavage. Cette commémoration des victimes est importante pour de nombreux descendants d’esclaves car, dans les Antilles par exemple, l’ascendance servile a pu être perçue comme un marqueur stigmatisant bien après les abolitions. Serge Romana, président de CM98 entre 1999 et 2017, est allé jusqu’à mener une grève de la faim en 2017 pour défendre l’existence de cette date de commémoration nationale. La loi du 28 février 2017 instaure le 23 mai comme la journée nationale en hommage aux victimes de l’esclavage et confirme la journée du 10 mai comme journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions.
Aujourd’hui, les actions de l’association CM98 sont structurées autour de trois grands axes :
- Retrouver. CM98 organise des ateliers de généalogie pour aider les descendants d’esclaves à retrouver leurs aïeux.
- Comprendre. L’association organise une université populaire en partenariat avec l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. L’objectif est de contribuer à la diffusion d’une information scientifique de qualité en histoire, sociologie et anthropologie des sociétés nées de l’esclavage colonial.
- Honorer. CM98 organise la commémoration nationale du 23 mai.
Comment des descendants d’esclaves réhabilitent la mémoire de leurs ancêtres ? (2/2)
Durant la rencontre, Emmanuel Gordien nous a expliqué l’histoire de la nomination des esclaves après l’abolition de 1848. Il nous a également présenté l’impressionnant travail de dépouillement d’archives coordonné par l’association et ayant abouti à la constitution d’une base de données permettant aux descendants d’esclaves antillais de retrouver leurs aïeux affranchis en 1848.
L’essentiel à retenir
Le décret du 27 avril 1848 abolit l’esclavage dans les colonies françaises. Les anciens esclaves deviennent des citoyens français. Or, avant l’abolition, ils ne possédaient pas de nom de famille, seulement un prénom et un numéro de matricule. À partir de 1848, les administrations locales sont donc chargées d’enregistrer l’ensemble des nouveaux libres (adultes ou enfants) et de leur attribuer un patronyme. Toutes ces informations sont rassemblées dans les registres de nouveaux libres constitués durant les années qui ont immédiatement suivi l’abolition. En Guadeloupe, les officiers d’état-civil des différentes communes ont été chargés d’attribuer des noms de familles à un peu plus de 80 000 personnes. Les bénévoles de l’association CM98 ont comptabilisé environ 30 000 patronymes différents dans les registres de nouveaux libres guadeloupéens et ont pu identifier plusieurs grandes catégories de noms attribués par les officiers d’état-civil, bien souvent de manière arbitraire : des noms liés à la bible, à l’histoire ou à la mythologie (Scipion, César, Miraculeux…), des noms de lieux géographiques, (Caracas, Boston, Dahomey…), des noms de fruits et de plantes, de métiers, d’animaux, des noms faisant référence au physique, des noms d’origine africaine, des noms anagrammes…
Aux Antilles, la grande majorité des noms attribués aux nouveaux libres en 1848 sont portés encore aujourd’hui par leurs descendants.
Après avoir dépouillé l’intégralité des registres de nouveaux libres de la Martinique et de la Guadeloupe, l’association CM98 a créé plusieurs outils à destination des descendants d’esclaves qui souhaiteraient retrouver des ancêtres :
- le site www.anchoukaj.org. Il héberge une base de données constituée à partir des registres de nouveaux libres et permet aux descendants d’esclaves antillais de retrouver leurs aïeux en effectuant des recherches par le nom de famille.
- Non an Nou (le livre des noms de familles guadeloupéennes) et Non Nou (le livre des noms de familles martiniquaises).
- un mémorial itinérant sous la forme de panneaux d’exposition transportables. Ces panneaux rassemblent les prénoms, matricules et noms de familles donnés aux Guadeloupéens et Martiniquais en 1848.
Ces travaux donnent la possibilité aux descendants d’esclaves antillais de se réapproprier la mémoire et l’histoire de leurs ancêtres et contribuent à redonner aux nouveaux libres affranchis en 1848 toute leur place dans la mémoire collective française.
Conception de la partie : Malène, Eva, William, Fares
L'oubli offense, et la mémoire, quand elle est partagée, abolit cette offense. Chacun de nous a besoin de la mémoire de l'autre, parce qu'il n'y va pas d'une vertu de compassion ni de charité, mais d'une lucidité nouvelle dans un processus de la Relation. Et si nous voulons partager la beauté du monde, si nous voulons être solidaires de ses souffrances, nous devons apprendre à nous souvenir ensemble.
Édouard Glissant, Une nouvelle région du monde, publié en 2006.
Bibliographie indicative
- Fallope (Josette), Esclaves et Citoyens. Les Noirs à la Guadeloupe dans les processus de résistance et d’intégration, 1802-1910, thèse de doctorat d’État, Paris-X, 1989.
- Gonfier (Gilda), Maillard (Bruno), Régent (Frédéric), Libres et sans fers, paroles d’esclaves français, Fayard, 2015.
- Ismard (Paulin) (sous la direction de), Les mondes de l’esclavage, une histoire comparée, Seuil, 2021.
- Lafleur (Gérard), Saint-Claude, Histoire d’une commune de Guadeloupe, Karthala, 1993.
- Régent (Frédéric), La France et ses esclaves, De la colonisation aux abolitions (1620-1848), Éditions Grasset & Fasquelle, 2007.
- Régent (Frédéric), Les maîtres de la Guadeloupe propriétaires d’esclaves, 1635-1848, Taillandier, 2019.
- Comprendre la traite négrière atlantique, Centre régional de documentation pédagogique d’Aquitaine, 2009.
Sitographie non exhaustive
Conception et réalisation de l’exposition
Les élèves de la classe de 4e 3 du collège Henri Wallon d’Ivry-sur-Seine : Yani, Malène, Bilel, Houda, Thomas, Stéphane, Maria Paola, William, Liane, Racha, Éva, Nino, Mathis, Hanna, Zelimkhan, Eleeja, Hadja, Joseph, Hawa, Fares, Methi, Rui, Barbara, Haby, Jean-Paul, Max.
Conception et suivi du projet : Service Archives-Patrimoine de la ville d’Ivry-sur-Seine, Sophie Germain (professeure d’Histoire-Géographie au collège Henri Wallon d’Ivry-sur-Seine), Gwladys Aurivel (descendante d’esclaves antillais, citoyenne engagée dans la transmission de l’histoire de l’esclavage).
Réalisation de l’exposition virtuelle : service Archives-Patrimoine, direction de la Communication, ville d’Ivry-sur-Seine.
Remerciements
Les acteurs du projet tiennent à remercier chaleureusement Emmanuel Gordien et Adélaïde Marine-Gougeon pour la qualité de leur intervention en classe, leur disponibilité et surtout leur grande capacité à transmettre aux élèves leur savoir et leur fort engagement professionnel ou associatif.
Les acteurs du projet tiennent également à remercier chaleureusement Esther Lannes et Joël Aguemmoun pour la richesse de la séance proposée à la Médiathèque municipal d’Ivry-sur-Seine.