Un petit objet pour une grande histoire
Des textes d’enfants rendent vie à la liseuse de Germaine Maillet
Crédits : Archives municipales d’Ivry-sur-Seine / Fonds Thorez-Vermeersch.
Mémoire des résistantes et résistants déportés
De juin 1940 à la Libération, des femmes et des hommes se sont engagés dans la Résistance française pour combattre l’occupant et le régime de Vichy. Des milliers d’entre eux ont été arrêtés, emprisonnés puis déportés vers les camps de concentration nazis en Europe centrale. Ils y ont été soumis au travail forcé, ont côtoyé la mort au quotidien et ont connu la faim, l’épuisement et les mauvais traitements. Pour survivre moralement dans ces conditions extrêmes, des déportés ont réalisé clandestinement à l’intérieur des camps, des objets, des dessins, des journaux… Pour ces déportés, continuer à créer c’est aussi résister à leur déshumanisation, pensée et organisée par les autorités SS qui dirigent les camps.
En menant un travail artistique et historique sur la liseuse réalisée par Germaine Maillet au camp de concentration de Ravensbrück, les élèves de la classe de CM2 de l’école Maurice Thorez A contribuent à transmettre la mémoire et l’histoire des résistantes et résistants déportés. Pour mener à bien ce projet, ils ont été encadrés par Frédéric Belling, leur enseignant, ainsi que des bibliothécaires des Médiathèques municipales et un archiviste du service Archives-Patrimoine de la ville d’Ivry-sur-Seine.
Inugurée le 28 janvier 2023 à la médiathèque du Centre-ville, l’exposition a été réalisée dans le cadre de la Semaine de la Mémoire du génocide des Juifs et des Tziganes, pour la prévention des crimes contre l’humanité et la lutte contre le racisme et l’intolérance. La version virteulle de l'exposition a été mise en ligne le même jour.
Crédits : Archives municipales d'Ivry-sur-Seine / Fonds Thorez Vermeersch. Éditeur La Bibliothèque française.
Germaine Maillet
Germaine Maillet naît à Ivry le 22 avril 1920. À la fin des années 1930, elle vit au 84, rue Molière avec sa mère (Marie-Louise), sa sœur (Renée, née en 1922), et ses quatre frères (Gilbert, Roger, Eugène et Maurice). Son père est décédé en 1927. Elle est adhérente à l’Union des Jeunes filles de France (UJFF), organisation féminine de jeunesse proche du Parti communiste français.
Le 15 mai 1942, sa sœur est arrêtée par la police française puis emprisonnée pour action de propagande au sein de la résistance communiste. Suite à une dénonciation, Germaine Maillet est arrêtée le 14 janvier 1943 pour le même motif que Renée. En juin 1943, elle donne naissance à un garçon prénommé Jean-Claude qu’elle ne peut garder auprès d’elle en détention. Elle est déportée par les autorités allemandes vers le camp de concentration de Ravensbrück le 31 janvier 1944, puis transférée dans un camp de travail à Hanovre où elle fabrique des pneus pour l’armée allemande. Clandestinement, elle réussit à voler des chutes de caoutchouc avec lesquelles elle se confectionne une liseuse en guise de cadeau de Noël.
En avril 1945, Germaine Maillet est libérée grâce à l’avancée des troupes alliées. De retour à Ivry, elle retrouve son fils et sa famille. En 1950, elle offre sa liseuse à Maurice Thorez, secrétaire général du Parti Communiste français et député d’Ivry, à l’occasion de son 50ème anniversaire. Mariée à Emmanuel Chagnas le 19 novembre 1945, elle décède le 31 juillet 1951.
Crédits : Archives municipales d’Ivry-sur-Seine / Collection particulière.
Le projet Un petit objet pour une grande histoire
Le projet a débuté par une séance de travail aux Archives municipales d’Ivry-sur-Seine durant laquelle les élèves ont découvert la liseuse en caoutchouc conservée dans le fonds Thorez-Vermeersch. En analysant plusieurs documents d’archives, ils ont également appris les bases de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale et ont reconstitué le parcours de Germaine Maillet jusqu’en 1945. Grâce à une sélection d’ouvrages des Médiathèques municipales, ils ont ensuite poursuivi leur apprentissage de l’histoire de la Résistance, de la déportation et des conditions de vie en France pendant l’occupation. À l’issue de cette première étape de travail, les élèves ont ainsi acquis les connaissances historiques nécessaires pour aborder la partie artistique du projet.
En trois séances de travail en classe, les élèves ont conçu un recueil de textes qu’ils ont imaginé comme celui que Germaine Maillet aurait pu conserver dans sa liseuse pendant sa déportation et après sa libération. Par souci de réalisme, ils ont mobilisé tout ce qu’ils ont appris de sa vie et se sont inspirés des réalisations clandestines des déportés dans les camps de concentration nazis. Ils ont produit des lettres, des poèmes, des récits documentaires, des recettes de cuisine… Àtravers la sensibilité et l’imagination des élèves, ces textes interprètent et incarnent des étapes du parcours de Germaine Maillet durant la Seconde Guerre mondiale.
Crédits : photographie Frédéric Belling.
