Portraits de résistantes
Découvrez les biographies des douze résistantes citées dans l'exposition
Portraits de résistantes
Durant la Seconde Guerre mondiale des dizaines de résistantes Ivryennes se sont engagées dans la lutte contre les autorités d’occupation et le régime de Vichy qui collabore avec l’Allemagne nazie. Les parcours de plusieurs d’entre elles sont bien connus. En revanche, certaines résistantes n’ont laissé que peu de traces dans l’histoire et la mémoire locales.
L’exposition « Des Ivryennes dans la Résistance (1940-1945) » présentée au Cabinet de curiosités des Archives municipales d’Ivry-sur-Seine du 27 janvier 2023 à septembre 2024, explore la place des femmes dans la Résistance française en s’appuyant sur les parcours de 12 résistantes Ivryennes : Suzanne Alaphilippe, Yvonne Perriot, Léone Chaix, Hélène Decaux, Clémentine et Jacqueline Derrien, Georgette Gosnat, Marie Jézéquel, Lise Ricol, Germaine et Renée Maillet, Georgette Rostaing.
Grâce à cette exposition virtuelle, découvrez des informations biographiques sur chacune de ces femmes.
Suzanne Alaphilippe (née Gilbert)
Suzanne Gilbert naît à Ivry-sur-Seine le 28 juin 1904. Entre 1921 et 1936, elle habite 17, rue du Parc avec ses 5 frères et sœurs, qui quittent progressivement le foyer, et ses parents (son père décède au début des années 1920). Dans les années 1930, Suzanne est employée des contributions directes. Elle se marie le 23 mai 1939 à Paris avec Georges Alaphilippe, électricien téléphoniste de profession. En 1941, Suzanne et son époux quittent la France occupée et rejoignent l’Afrique équatoriale française, colonie ralliée à la France libre du général de Gaulle. Du 3 juillet 1941 à fin 1942, Georges est affecté spécial au sein des Postes, télégraphes et téléphones (PTT). À la fin de l’année 1942, ils atteignent Londres, où Georges intègre les Forces françaises libres et Suzanne s’engage dans les services administratifs de la France libre en janvier 1943. Dès lors, Suzanne occupe différents postes et suit le déplacement de son administration au gré de l’évolution du conflit :
-Janvier 1943 - septembre 1943 : secrétaire comptable à la Direction des Pensions et au Commissariat à l’Information à Londres.
-Septembre 1943 – février 1944 : secrétaire comptable au Commissariat aux Finances à Alger.
-Février 1944 – fin des hostilités : secrétaire comptable à la Trésorerie des troupes du Levant au Liban.
Après la guerre, Suzanne et Georges reviennent en France mais ne s’installent pas à Ivry.
Georges décède le 14 août 1979 et Suzanne le 5 juin 1995.
Yvonne Perriot (née Belin)
Yvonne Belin nait le 6 février 1911 à Ivry et vit au 9, colonie Alexandre avec ses parents Emma et Joseph (menuisier) et son frère Roger. Yvonne obtient son certificat d’étude à l’école du Petit-Ivry en 1924 et poursuit en cours complémentaires à l’école d’Ivry-Port jusqu’en 1926. La famille Belin habite alors au 7, colonie Alexandre. Employée de bureau à l’United Shoe de 1926 à 1934, Yvonne se marie le 3 octobre 1931 avec Roger Perriot (ajusteur chez Aster). Quatre enfants naissent de leur union : Nicole, née en 1933, Monique, née en 1934, Jean, né en 1935 et Georges, né en 1939.
En mai 1944, par l’intermédiaire d’un membre de sa famille, Yvonne est recrutée en tant qu’agent de liaison au sein du réseau de renseignement Darius par un résistant qu’elle connait sous le pseudonyme clandestin de « Christian ». Le réseau Darius constitue le développement en zone Nord du réseau Gallia, implanté en zone Sud et dont les organes centraux sont installés à Lyon. Affilié au Bureau central de renseignement et d’action (service de renseignement et d’action clandestine de la France Libre), le réseau Darius est chargé de collecter des renseignements de nature militaire. En mai et juin 1944, sous le pseudonyme de « Lionel », Yvonne Perriot assure la transmission de documents et d’informations entre des cellules du réseau actives à Paris et à Lyon. Pour remplir sa mission, elle circule en train et doit s’absenter plusieurs jours à chaque voyage. Par deux fois, elle subit des fouilles par la police française et l’armée allemande mais parvient à protéger des documents clandestins. Se sentant surveillée par la Gestapo, Yvonne cessa ses missions d’agent de liaison durant l’été 1944 et devint secrétaire au sein du réseau jusqu’en septembre de la même année.
Son action en tant qu’agent de liaison lui vaut l’attribution le 25 juin 1945 de la Croix de guerre avec étoile d’argent par le général de Gaulle, président du Gouvernement provisoire de la République française et chef des Armées.
En 1946, Yvonne Perriot, son mari et ses quatre enfants vivent au 10, colonie Alexandre à Ivry.
Elle décède à Paris le 22 janvier 1968.
Léone Chaix
Léone Chaix naît le 2 septembre 1910 à Ivry, elle est la benjamine d’une fratrie de 6 enfants. La famille Chaix réside au 43, rue de Paris dans le quartier du Petit-Ivry. Léone se marie à Ivry le 16 juin 1928 puis divorce en 1939. À partir de 1935, elle travaille en tant que secrétaire de direction aux établissements Ducellier à Ivry-Port où elle participe aux grèves de 1936. En 1937, elle adhère au Parti communiste français.
En 1939 ou 1940, Léone Chaix emménage dans un pavillon à Athis-Mons avec son compagnon Maurice Gunsbourg qui occupe d’importantes responsabilités au sein de la résistance communiste en région parisienne. Léone semble être sa secrétaire et agent de liaison dans l’organisation clandestine communiste. En 1940, des policiers du commissariat d’Athis-Mons effectuent une perquisition à leur domicile. Ils recherchent Maurice Gunsbourg qui n’est pas présent. En 1941, Léone et Maurice sont chacun locataire d’un appartement à Paris mais continuent d’utiliser le pavillon d’Athis-Mons notamment pour leurs activités clandestines. Le 8 novembre 1941, les policiers de la 1ère brigade régionale de police mobile arrêtent Maurice Gunsbourg à Paris puis, dès le lendemain, perquisitionnent l’appartement de Léone Chaix. En sa présence, ils y découvrent notamment une machine à écrire, des stencils et du papier carbone. Elle est immédiatement arrêtée.
Quelques semaines après son arrestation, Maurice Gunsbourg est remis aux autorités allemandes puis fusillé par la Wehrmacht le 7 mars 1942 au fort du Mont-Valérien à Suresnes.
Le 27 mai 1942, Léone Chaix est condamnée à 3 ans d’emprisonnement et 1 200 francs d’amende par la section spéciale auprès de la cour d’appel de Paris puis emprisonnée. Elle est déportée par les autorités allemandesvers le camp de concentration de Ravensbrück le 13 mai 1944. Elle survit à sa déportation et revient vivre en région parisienne en 1945.
Léone Chaix est décédée le 17 août 1975.
Pour en savoir plus sur l’arrestation de Maurice Gunsbourg et Léone Chaix redécouvrez l’exposition Histoire de scellés.
Hélène Decaux (née Le Provost)
Hélène Le Provost naît le 3 juillet 1911 à Cernay (Eure-et-Loir). Elle se marie le 27 avril 1935 à Ivry avec Jules Decaux, maire adjoint d’Ivry exerçant d’importantes responsabilités au sein du Parti communiste français. À la fin des années 1930, ils vivent 60, rue Denis Papin (actuelle rue Saint-Just) avec leur fille née en 1930 et leur fils né en 1936. Hélène Decaux travaille comme fille de salle dans des cafés et milite au Parti communiste français.
Mobilisé dans l’armée française, Jules Decaux est fait prisonnier par l’armée allemande le 28 mai 1940. Il passe l’intégralité de la guerre dans des camps de prisonniers en Allemagne. Il est libéré le 1ermai 1945.
En 1940, Hélène Decaux s’installe avec ses enfants à Nogent-le-Rotrou en Eure-et-Loir, sa région natale où vit toujours sa mère. Hélène est incarcérée en tant que militante communiste par les autorités françaises entre juin et septembre 1940. À sa libération, elle confie ses enfants à leur grand-mère, retourne vivre à Ivry-sur-Seine et intègre la résistance communiste. En 1942, son appartement situé 80, rue Denis Papin est perquisitionné par des policiers de la brigade spéciale n°1 de la préfecture de police de Paris qui enquêtent sur les activités clandestines d’un résistant communiste ivryen, Francisco Calvo (découvrez l’action de Francisco Calvo). Les inspecteurs n’identifient aucun élément suspicieux à l’encontre d’Hélène et abandonnent les poursuites contre elle. Ils ne se doutent pas que son activité clandestine conduit progressivement Hélène à exercer d’importantes responsabilités au sein de la résistance communiste. En effet, elle a d’abord été chargée de la diffusion de tracts de propagande puis semble avoir été responsable de secteur* avant d’être nommée responsable technique régionale au début de l’année 1943. À ce titre, elle organise l’approvisionnement en matériel de propagande de nombreux résistants de la région parisienne. Elle perçoit des appointements mensuels du Parti communiste clandestin, signifiant peut-être qu’elle a abandonné son travail pour se consacrer entièrement à la lutte clandestine.
Hélène Decaux est arrêtée par la police française le 27 juillet 1943, boulevard de la Villette (Paris, 10e arrondissement), en possession de tracts de propagande de la résistance communiste. La perquisition effectuée dans son appartement, situé 59, rue de Saintonge (Paris) et loué sous une fausse identité, permet aux policiers de saisir une grande quantité de tracts et du matériel servant à la production de supports de propagande (feuilles de papier duplicateurs, tubes d’encre à ronéotyper, stencils vierges…).
En conséquence, le 7 janvier 1944, la section spéciale auprès de la cour d’appel de Paris condamne Hélène Decaux à 2 ans d’emprisonnement et 1 200 francs d’amende. Elle est incarcérée à la prison de la Petite-Roquette puis à la Maison centrale de Rennes avant d’être déportée par les autorités allemandes, le 18 avril 1944, vers le camp de concentration de Ravensbrück. Elle survit jusqu’à sa libération au printemps 1945. Rapatriée en France le 24 mai, elle est accueillie à l’hôtel Lutétia à Paris qui sert alors de centre d’accueil des déportés.
Après la guerre, Jules et Hélène Decaux se retrouvent et donnent naissance à leur troisième enfant en 1948. Jules meurt le 29 juillet 1970 à Oresmaux et Hélène décède le 14 juin 1992 à Salouël dans la Somme.
Clémentine et Jacqueline Derrien
Clémentine Meyrand naît le 7 juin 1902 à Paris (13earrondissement). Elle se marie avec Robert Derrien (né en 1900) à Gentilly le 11 mars 1922. Le couple donne naissance à une fille, Jacqueline, le 13 janvier 1923. Ils s’installent à Ivry en 1933.
Clémentine et Robert militent au Parti communiste français dès la fin des années 1920.
Sous l’Occupation, ils habitent la cité HBM Marat-Parmentier. Clémentine, Robert et leur fille y participent à la production et à la diffusion de documents de propagande pour la résistance communiste. Dès novembre 1940, Clémentine imprime sur une machine à ronéotyper des tracts et journaux clandestins parmi lesquels le premier numéro de Femmes d’Ivry, une publication clandestine à destination des femmes dont Lise Ricol est une des principales rédactrices. Jacqueline aide sa mère dans la réalisation de cette tâche à haut risque. La machine à ronéotyper et le matériel de propagande sont cachés dans les caves de la cité.
Clémentine, Robert et Jacqueline sont tous arrêtés pour faits de résistance durant la Seconde Guerre mondiale. Clémentine Derrien est arrêtée le 21 janvier 1941 pour distribution de tracts communistes. Elle est incarcérée notamment à la prison de la Roquette et à la prison de la Santé à Paris avant d’être internée dans différents camps d’internement en France.
Jacqueline Derrien est arrêtée par la police française à Montreuil le 24 septembre 1942. Elle est internée au camp d’internement des Tourelles à Paris puis au camp de la Lande à Monts (Touraine) où elle retrouve sa mère. Enfin, Jacqueline et Clémentine sont transférées au camp d’internement de la route de Limoges à Poitiers et libérées le 3 septembre 1944.
Robert Derrien est arrêté le 21 janvier 1941 pour distribution de tracts communistes. Le 20 avril 1943, il est déporté par les autorités allemandes vers le camp de concentration de Mauthausen. Robert Derrien est décédé à Hartheim (Autriche actuelle) le 18 septembre 1944. La mention « Mort pour la France » lui a été attribuée.
Après la Seconde Guerre mondiale, Jacqueline Derrien milite notamment au sein de la Fédération nationale des anciens internés, déportés et résistants patriotes (FNDIRP).
Clémentine Derrien est décédée le 4 décembre 1980, Jacqueline le 19 septembre 2002.
Georgette Gosnat (née Alleaume)
Durant l’année scolaire 2019-2020, des élèves d’une classe de 3e du collège Henri Wallon d’Ivry-sur-Seine ont reconstitué le parcours de Georgette Gosnat, découvrez leur travail ici : Une résistante dans la cité Marat.
Marie Jézéquel (née Jeanson)
Marie Jeanson naît à Ivry le 10 avril 1903. Son père, Félix, est chauffeur à la Ville de Paris et sa mère, Henriette, est journalière. Marie grandit avec ses parents et ses quatre frères et sœurs boulevard National (actuel Boulevard Paul Vaillant-Couturier).
En 1921, Marie est embauchée à l’hospice d’Ivry (actuel hôpital Charles Foix) où elle travaille jusqu’en 1944. Le 4 novembre 1922, elle se marie à Ivry avec François Jézéquel, garçon de service à l’hospice (décédé le 5 avril 1941). Durant les années 1930, Marie rejoint le syndicat général du personnel des hôpitaux et hospice qu’elle représente notamment au congrès universel de la Paix à Bruxelles (3-6 septembre 1936) et adhère au Parti communiste français.
Sous l’Occupation, Marie Jézéquel continue de mener des actions pour le syndicat général du personnel des hôpitaux et hospice, organisation devenue illégale. Elle semble également avoir mené des actions pour d’autres réseaux de résistance. Elle fait l’objet d’une première dénonciation en juin 1943 qui provoque l’ouverture d’une enquête de renseignement par la police française. Les enquêteurs abandonnent les recherches dès le mois d’août convaincus de son innocence. Marie Jézéquel est finalement arrêtée chez elle, 1bis, rue Blanqui, par la Gestapo, police politique nazie, le 1eraoût 1944. D’après un témoignage familial, de la fin du mois de juillet jusqu’au 1er août, elle aurait caché chez elle un soldat anglais. Elle aurait fait l’objet d’une dénonciation et en aurait été avertie en vain par son frère, Henri Jeanson, la veille de son arrestation.
Dès le 15 août 1944, Marie Jézéquel est déportée par les autorités allemandes vers le camp de concentration de Ravensbrück (Allemagne) puis transférée en novembre 1944 au camp kommando de Königsberg où les déportées sont exploitées aux profits de l’industrie militaire nazie. En mars 1945, Marie Jézéquel meurt au camp de concentration de Bergen-Belsen.
En hommage, le 1er août 1946 la crèche de l’hospice d’Ivry est renommée crèche Marie Jézéquel. En août 1952, à l’occasion de l’anniversaire de la Libération, deux plaques sont posées au 1bis, rue Blanqui par la municipalité d’Ivry en l’honneur de deux résistantes ivryennes décédées dans les camps de concentration nazis : Georgette Rostaing et Marie Jézéquel.
Germaine et Renée Maillet
Germaine Maillet naît à Ivry-sur-Seine le 22 avril 1920, Renée, le 7 avril 1922, également à Ivry. Elles sont élevées par leur mère Marie, veuve de son époux Armand décédé en 1927, et grandissent au 84, rue Molière avec leurs quatre frères. Marie milite au Parti communiste français et Eugène, l’un des grands frères, est membre des Jeunesses communistes à Ivry-Port. Germaine Maillet, ouvrière à la fabrique de cartonnage Chauvin (51, rue Ledru Rollin à Ivry), adhère à l’Union des Jeunes filles de France en 1936 ou 1937. Renée l’y rejoint quelques temps plus tard.
Dès les débuts de l’Occupation, Germaine et Renée entrent en Résistance en même temps que d’autres membres de l’UJFF d’Ivry. Elles participent notamment à des actions de propagande pour la résistance communiste. Renée diffuse des tracts, colle des affiches et peint des slogans antinazis à Ivry. Sténodactylo de formation, elle tape également des documents de propagande avec la machine à écrire Japy de Georgette Gosnat (voir : Une résistante dans la cité Marat).
Dans la soirée du 15 mai 1942, elle est arrêtée en flagrant délit de distribution de tracts boulevard National (actuel boulevard Paul Vaillant-Couturier) par la police française. Ses deux camarades qui l’accompagnaient ont réussi à échapper aux policiers. Interrogée au commissariat d’Ivry puis à la préfecture de police de Paris par les enquêteurs de la brigade spéciale n°1, elle ne nie pas appartenir à l’organisation clandestine communiste mais parvient à ne divulguer aucune information qui permettrait aux policiers d’identifier d’autres résistants. La section spéciale auprès de la cour d’appel de Paris la condamne à 1 an d’emprisonnement et 1 200 francs d’amende pour propagande communiste. En avril 1943, Renée Maillet est internée administrativement par les autorités françaises au camp d’internement de la Lande, près de Tours, puis au camp d’internement de la route de Limoges à Poitiers. Elle y retrouve de nombreuses résistantes dont plusieurs Ivryennes*. Renée Maillet est libérée en septembre 1944. Elle revient à Ivry-sur-Seine puis s’engage aussitôt dans l’armée française. Elle décède le 26 novembre 1986.
Suite à une dénonciation, Germaine Maillet est arrêtée le 14 janvier 1943 pour propagande communiste puis emprisonnée. En juin 1943, elle donne naissance à un garçon prénommé Jean-Claude qu’elle ne peut garder auprès d’elle en détention. Elle est déportée par les autorités allemandes vers le camp de concentration de Ravensbrück le 31 janvier 1944 puis transférée dans un camp de travail à Hanovre où elle est exploitée au profit de l’industrie militaire allemande. En avril 1945, Germaine Maillet est libérée grâce à l’avancée des troupes alliées. De retour à Ivry, elle retrouve son fils et sa famille. Mariée à Emmanuel Chagnas le 19 novembre 1945, elle décède le 31 juillet 1951.
* En 2022, son fils, Jean-Marie Karli (scénario), et Raymond Polvé (dessins) ont réalisé la bande dessinée 1943. Le camp de la Lande, « elles avaient un idéal…» qui raconte l’internement de Renée Maillet et ses camarades internées au camp de la Lande.
Lise Ricol
Militante communiste et figure importante de la Résistance, installée à Ivry-sur-Seine en 1938, Lise Ricol a fait l’objet d’une biographie détaillée dans le Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier consultable en ligne ici.
Dans son ouvrage autobiographique paru en 1995 La mégère de la rue Daguerre, souvenirs de résistance, elle évoque son parcours durant la Seconde Guerre mondiale.
Georgette Rostaing
Georgette Rostaing naît à Ivry le 7 novembre 1911. La famille Rostaing, composée des parents, Joseph et Marie, de Georgette et de ses deux frères, Raymond et Pierre, réside 39, avenue Jules Coutant (actuelle avenue Danielle Casanova). Dans les années 1930, Georgette travaille dans une société de transports à la gare de la Chapelle (Paris, 18e arrondissement). En 1933, elle donne naissance à sa fille Pierrette.
En 1936, Georgette Rostaing adhère à l’Union des Jeunes filles de France* (UJFF) dont elle devient secrétaire de la section d’Ivry et de la direction départementale Paris-sud. À la fin de l’année 1936, en soutien à la République espagnole qui affronte le camp nationaliste dans la cadre de la guerre civile espagnole, elle se rend en Espagne avec une délégation conduite par Danielle Casanova pour accompagner un convoi de lait condensé destiné aux enfants.
Dès les premiers mois de l’Occupation, Georgette et son frère Pierre, militant des Jeunesses communistes, organisent des réunions clandestines chez leurs parents. Ils y retrouvent surtout des Ivryens, anciens adhérents des Jeunesses communistes et de l’UJFF **. Pierre est arrêté le 23 décembre 1941 par des inspecteurs de la Brigade spéciale n°1*** pour activité de résistance (découvrez cette affaire en suivant ce lien). En 1941, Georgette confie Pierrette à ses grands-parents et s’engage plus intensément dans l’action clandestine. En 1942, elle effectue des missions de transport de matériel, de tracts et de journaux pour la direction de l’organisation des femmes au sein du Parti communiste clandestin. En 1942 et 1943, dans l’appartement situé 10, rue Cail (Paris, 10e arrondissement) qu’elle occupe avec Roger Buessard (résistant ivryen), elle héberge des membres des Francs-tireurs et partisans français**** (FTPF) dans le besoin. L’appartement sert également de planque pour du matériel de propagande, des armes et des explosifs.
Repérée par la police française, elle est arrêtée avec Roger Buessard le 6 janvier 1943. Elle est internée au fort de Romainville puis déportée le 24 janvier 1943 par les autorités allemandes vers le camp de concentration d’Auschwitz-Birkenau. Elle fait partie du convoi dit des 31 000, en référence aux numéros de matricule attribués par les SS aux 230 femmes du convoi. Le 27 janvier au matin, elles entrent dans le camp en entonnant La Marseillaise.
Georgette Rostaing meurt le 15 mai 1943 au camp d’Auschwitz-Birkenau (Pologne actuelle). En 1945, son nom fut donné à une rue d’Ivry-sur-Seine.
Pierre Rostaing est déporté le 12 mai 1944 vers le camp de concentration de Buchenwald (Allemagne). Il est exécuté par des gardiens SS après une tentative d’évasion, probablement le 4 avril 1945.
Après son arrestation, Roger Buessard est livré aux autorités allemandes. Il est déporté au camp de concentration d’Orianenburg-Sachsenhausen (Allemagne) puis au camp de concentration de Mauthausen (Autriche actuelle) où il décède. En 1945, son nom fut donné à une rue d’Ivry-sur-Seine.
*Organisation politique féminine de jeunesse proche du Parti communiste français.
** Le décret-loi du 26 septembre 1939 porte dissolution des organisations communistes. Les JC et l’UJFF font partie des organisations dissoutes.
***Brigade de la Direction des renseignements généraux de la préfecture de police de Paris spécialisée dans la lutte contre la propagande communiste, active de 1941 à 1944.
**** Organisation armée de la résistance communiste.
Mémoire de résistantes
Ces 12 portraits de résistantes ivyrennes complètent l'exposition Des Ivryennes dans la Résistance (1940-1945) présentée au Cabinet de curiosités des Archives municipales d'Ivry-sur-Seine du 27 janvier 2023 à septembre 2024. Chacun de ces parcours de vie a été choisi et mis en valeur car il permet d'illustrer ou d'expliquer un aspect de l'action des femmes dans la Résistance française.
Des dizaines d'autres Ivryennes ont risqué leur vie dans la lutte contre les autorités d'occupation et le régime de Vichy. Les souvenirs de la vie et de l'action de certaines d'entre elles sont toujours présents dans la mémoire et l'histoire locale, alors que d'autres nous sont probablement toujours inconnues.
Cette exposition rend hommage au combat de toutes ces résistantes.