Pierre Moulie, secrétaire de la section de l'ARAC ivryenne

Pierre Moulie est né le 28 janvier 1891 à Saint-Martin-Sepert, en Corrèze. Il est le fils de cultivateurs, leur troisième enfant et seul garçon de la famille. Il apprend le métier d'employé des postes. Sa fiche de matricule militaire indique un degré d'instruction de niveau 4.

Sa formation professionnelle et son permis pour véhicules automobiles lui permettent d'être "affecté spécial" à l'administration des télégraphes de la Seine pour son service militaire, en octobre 1912. Il sert d'abord le 24e bataillon de sapeur télégraphe, puis le 8e régiment d'infanterie à partir du 1er janvier 1913. Pierre Moulie ne sera pas démobilisé : la durée du service augmente, puis la France entre en guerre. De 1912 à 1918, il servira l'armée française pendant sept ans.

Pendant la guerre, il est affecté au département télégraphiste du 5e corps d'armées, puis au 8e régiment d'infanterie. De caporal au 1er mai 1915, il est promu sergent le 4 novembre 1916. C'est aussi pendant cette période qu'il épouse Aimée Lacourbas, le 20 septembre 1915 à Uzerche (Corrèze), et que son premier enfant nait, le 12 juillet 1917, au 33 bis de l'avenue Jules Coutant, actuellement Pierre Brossolette, à Ivry-sur-Seine. Les témoins de ces évènements, signataires des actes d'état civil, sont des femmes de la famille et des retraités.

Sa situation éloignée du front est privilégiée, mais il est gazé et suite à cette intoxication souffre de bronchite chronique avec emphysie pulmonaire. Il se fait alors réformer temporairement et touche une pension d'invalidité de 30 % par la commission de réforme de Limoges en 1920, renouvelée et minorée à 10 % en 1921 par la commission de réforme de la Seine. Il est alors définitivement installé à Ivry, résidant à l'hôtel des Postes, rue Blanqui.

L'expérience de la grande guerre est déterminante dans la suite du parcours de Pierre Moulie, qui en perd la foi et s'engage au Parti communiste. Sa fille, Claire Petitot, dans un article en hommage à son père, témoigne :

"[...] Il revient en 1918, malade, gazé, écoeuré de ce qu'il a vu, de ces atrocités commises [...] Il se lance dans la politique et suit le chemin de Jaurès [...]".

Il milite alors pour le pacifisme international, au sein l'ARAC (l'Association Républicaine des Anciens Combattants, fondée par Henri Barbusse et Paul Vaillant-Couturier), dont il est secrétaire de la section locale ; mais aussi au sein du congrès contre la guerre qui a eu lieu à Paris en 1925. Ses activités politiques le mènent à être élu en tant que conseiller municipal communiste aux côtés de Georges Marrane en 1929 et en 1935. Il mènera de nombreuses autres activités, en tant que syndiqué dans son bureau de P. et T. de la rue Blanqui, défenseur et professeur d'espéranto, et poète.

Destitué de ses fonctions municipales par le gouvernement de Vichy, il rejoint sa Corrèze natale où, sous le pseudonyme de "Pépé", il prend la tête d'un réseau clandestin de maquisards et sert le groupe FFI de Corrèze en 1943. S'il a survécu à la "der des ders", il est mort pour la France en résistant, massacré avec 17 de ses compagnons de l'Armée Secrète dans le maquis de la Besse-Sainte-Féréole le 15 novembre 1943. Il avait écrit La chanson des maquis que diffusait Radio-Londres en 1943 et 1944. Le 20 juin 1945 son nom est donné à une rue d'Ivry-sur-Seine.

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