Les voix de la liberté

Des enfants racontent la libération d'Ivry

Les voix de la liberté

Des enfants racontent la libération d'Ivry

Il y a 80 ans, la libération d'Ivry

Il y a 80 ans, au mois d’août 1944, Ivry comme Paris sont libérées de l’occupation allemande qui dure depuis juin 1940. L’avancée des troupes alliées débarquées sur les plages de Normandie à partir du 6 juin 1944 et l’insurrection déclenchée par la résistance locale le 18 août 1944 mettent fin à quatre années d’occupation. En France, ces années sombres ont notamment été marquées par la politique de collaboration de l’État français avec l’Allemagne nazie, les combats menés par la Résistance et l’intense répression qu’elle suscite, les persécutions et la politique d'extermination des Juifs et des Tziganes et les nombreuses privations qui touchent la population. La libération du territoire métropolitain met fin à l’occupation allemande et rétablit progressivement la légalité républicaine mais n’efface pas toutes les séquelles de la guerre. La reconstruction prendra de nombreuses années.

Les élèves de la classe de CM2 de l’école Maurice Thorez B d’Ivry-sur-Seine se sont plongés dans l’histoire des derniers mois de l’occupation allemande à Ivry. C’est cette histoire qu’ils vous racontent dans l’exposition virtuelle.

Affiche de la Semaine de la mémoire 2024. Crédits : Mairie d'Ivry-sur-Seine.
Affiche de la Semaine de la mémoire 2024. Crédits : Mairie d'Ivry-sur-Seine.

Un projet pédagogique pour transmettre l’histoire

Au cours du projet, les élèves de la classe de CM2 de l’école Maurice Thorez B ont découvert l’histoire des derniers mois de l’Occupation à Ivry jusqu’à la libération de la commune. Guidés par le service Archives-Patrimoine, ils ont commencé leur enquête par l’analyse de nombreux documents d’archives qui leur ont permis de découvrir les éléments les plus importants de l’histoire d’Ivry entre juin et septembre 1944. Ils ont poursuivi leurs recherches en se plongeant dans une sélection d’ouvrages et de documents préparée par les équipes des Médiathèques municipales afin de consolider leurs connaissances sur l’histoire de la période. Àl’issue de ces premières étapes de travail, les élèves ont rassemblé suffisamment de connaissances pour préparer la deuxième phase du projet : la présentation de l’histoire de la libération d’Ivry au public de la médiathèque lors de la Semaine de la mémoire 2024.

Encadrés par leur professeur, Frédéric Belling, par deux bibliothécaires des Médiathèques municipales et un archiviste du service municipal Archives-Patrimoine, les élèves ont préparé la présentation publique. Ils ont été répartis en cinq groupes, chacun chargé de travailler sur une thématique historique précise :

-Les conditions de vie sous l’Occupation

-La Résistance

-La répression de la Résistance

-La libération d’Ivry

-Le dernier bombardement

Les élèves ont alors rassemblé leurs connaissances, élaboré un texte de présentation synthétique et choisi des documents d’archives permettant de l’illustrer. Ils ont ensuite décidé comment présenter tous ces éléments au public puis se sont entraînés lors de deux répétitions générales.

La présentation publique réalisée par les élèves a lieu à la Médiathèque du Centre-ville le samedi 26 janvier 2024.

L’exposition virtuelle présente les textes écrits par les élèves et les documents d’archives qu’ils ont sélectionnés pour les illustrer.

convoi militaire allemand sur le pont du Port-à-l’Anglais entre Vitry et Alfortville, 1940. Crédits : Archives municipales d'Ivry-sur-Seine.
convoi militaire allemand sur le pont du Port-à-l’Anglais entre Vitry et Alfortville, 1940. Crédits : Archives municipales d'Ivry-sur-Seine.
Tickets de rationnement, 1941.  Crédits : Archives nationales (France), fonds Z/4 dossier 290.
Tickets de rationnement, 1941. Crédits : Archives nationales (France), fonds Z/4 dossier 290.
Une file d'attente devant une boulangerie à Ivry, août 1944. Crédits : Archives municipales d'Ivry-sur-Seine.
Une file d'attente devant une boulangerie à Ivry, août 1944. Crédits : Archives municipales d'Ivry-sur-Seine.

La vie sous l’Occupation

Le 22 juin 1940, La France capitule face à l’Allemagne. C’est le début de l’Occupation par les Allemands et de l’exode des Français vers des régions où il n’y a pas la guerre.

Presque 2 millions de soldats français sont faits prisonniers et sont obligés d’aller en Allemagne dans des camps de prisonniers. Beaucoup d’enfants ne voient pas leur papa parce qu’ils sont dans ces camps de prisonniers de guerre pendant parfois plus de 4 ans.

La vie quotidienne est très compliquée car beaucoup de produits ne sont plus là. Il manque de la nourriture, des vêtements et du bois pour se chauffer. Les enfants souffrent de faim et de froid. Pour acheter à manger ou s’habiller, il faut utiliser des tickets de rationnement et faire la queue devant les magasins.

Les tickets de rationnement sont utilisés durant toute la guerre et même plusieurs années après la fin de la guerre.

La Résistance

Le 18 juin 1940, depuis Londres, le Général de Gaulle appelle tous les Français à entrer en Résistance contre l’occupation allemande. Les résistants sont des personnes qui combattent contre les occupants allemands et le gouvernement du Maréchal Pétain. Ils sont obligés de se cacher.

Ils sabotent des trains pour les faire dérailler. Ils endommagent aussi les usines. Ils dessinent des graffitis ou distribuent secrètement des papillons et font de la propagande pour la libération de la France.

À Ivry, la Résistance est active et crée « le comité local de Libération d’Ivry » en 1944. Des Ivryens vont s’entrainer et préparer la Libération de leur ville. Durant l’été 1944, il y a des sabotages contre la gare de marchandises et des usines d’Ivry. Le 14 juillet 1944, une manifestation interdite rassemble plusieurs centaines d’Ivryens qui défilent de la mairie jusqu’au cimetière parisien.

Papillon de propagande utilisé par Rénée Maillet, une résistante ivryenne en 1942. Crédits : Archives nationales (France), Z/138 dossier 442./
Papillon de propagande utilisé par Rénée Maillet, une résistante ivryenne en 1942. Crédits : Archives nationales (France), Z/138 dossier 442./
Portrait de Marie Jézéquel avant 1939. Crédits : Archives municipales d'Ivry-sur-Seine.
Portrait de Marie Jézéquel avant 1939. Crédits : Archives municipales d'Ivry-sur-Seine.

La répression de la Résistance

La répression de la Résistance est menée par l’armée allemande et la police française du gouvernement de Vichy dirigé par le Maréchal Pétain.

De nombreux résistants seront arrêtés tués ou déportés dans des camps de concentration par l’armée allemande. En Europe, les Juifs sont aussi déportés et sont même assassinés pour la grande majorité d’entre eux.

À Ivry, Marie Jezequel devient résistante. Elle est infirmière et rentre un jour dans sa maison. Elle amène chez elle un aviateur anglais qui cherche à fuir l’armée allemande et l’y cache jusqu’au 1er août 1944. C’est sans doute un réseau de résistance qui lui a demandé. Ce jour-là, elle se fait arrêter par l’armée allemande et l’aviateur a probablement eu le temps de s’enfuir.

Elle est déportée vers le camp de concentration de Ravensbrück en Allemagne le 15 août 1944. C’est le dernier convoi de déportations de résistants qui part de région parisienne. Elle meurt en déportation et les survivants ne rentreront qu’à partir de 1945.

La libération d’Ivry

Le 6 juin 1944, les armées alliées débarquent sur les plages de Normandie. L’armée Allemande est forcée de reculer.

À partir du 18 août, c’est l’insurrection à Paris puis à Ivry. Il y a des combats entre les Allemands et des habitants d’Ivry. Les rues sont bloquées par des barricades. La mairie d’Ivry est reprise par la Résistance le 19 août 1944. Finalement, Ivry est libérée le 25 août 1944 avec l’appui des armées françaises et américaines. Les soldats allemands se rendent, sont faits prisonniers ou partent vers l’Est.

Les drapeaux aux couleurs des Alliés sont accrochés partout dans la ville. Les habitants font la fête avec les soldats alliés.

Nous avons écouté un extrait de l’enregistrement du discours de Venise Gosnat après la reprise de l’hôtel de ville par les habitants d’Ivry. C’est le président du comité local de Libération.

Août 1944, la résistance locale reprend la mairie. Crédits : Archives municipales d'Ivry-sur-Seine.
Août 1944, la résistance locale reprend la mairie. Crédits : Archives municipales d'Ivry-sur-Seine.
Des Ivryens fabriquent une barricade à l’angle des rues Lénine et Jean-Jacques Rousseau en août 1944. Crédits : Archives municipales d'Ivry-sur-Seine.
Des Ivryens fabriquent une barricade à l’angle des rues Lénine et Jean-Jacques Rousseau en août 1944. Crédits : Archives municipales d'Ivry-sur-Seine.
Des soldats américains arrivent à Ivry le 25 août 1944. Crédits : Archives municipales d'Ivry-sur-Seine.
Des soldats américains arrivent à Ivry le 25 août 1944. Crédits : Archives municipales d'Ivry-sur-Seine.
Des Ivryens pavoisent les maisons avec les drapeaux des armées alliées, août 1944. Crédits : Archives municipales d'Ivry-sur-Seine / Photographie Albi Albino.
Des Ivryens pavoisent les maisons avec les drapeaux des armées alliées, août 1944. Crédits : Archives municipales d'Ivry-sur-Seine / Photographie Albi Albino.
Entreprise SKF après le bombardement, août 1944. Crédits : Archives municipales d'Ivry-sur-Seine.
Entreprise SKF après le bombardement, août 1944. Crédits : Archives municipales d'Ivry-sur-Seine.

Le dernier bombardement

Le 25 août 1944, des Ivryens fêtent la libération de leur ville et le départ de l’armée allemande. Mais les combats continuent entre soldats alliés et allemands tout près d’Ivry.

Dans la nuit du 26 août 1944, l’aviation allemande bombarde la région parisienne pour retarder l’avancée des troupes alliées.

Beaucoup d’endroits à Ivry sont touchés. Des immeubles sont détruits. Des habitants sont blessés ou tués dans des incendies. C’est une catastrophe ! Il faut tout reconstruire ! 26 Ivryens sont tués, 200 sont blessés et environ 2 000 bâtiments sont sinistrés.

La fête de la Libération se finit mal et de nombreux habitants n’ont plus de maison. La solidarité des Ivryens va permettre de réparer ces dégâts pendant de nombreuses années car les difficultés d’approvisionnement durent longtemps. Un comité d’aide aux sinistrés est créé par la mairie.

Affiche du Comité d'aide aux sinistrés, 1944. Crédits : Archives municipales d'Ivry-sur-Seine.
Affiche du Comité d'aide aux sinistrés, 1944. Crédits : Archives municipales d'Ivry-sur-Seine.

Quelques dates clés pour comprendre la libération d’Ivry :

  • 6 juin 1944 : les armées alliées débarquent sur les plages de Normandie et entament lentement la libération de l’Europe de l’Ouest.
  • 12 août-21 août 1944 : la bataille de la poche de Falaise (Normandie) marque la fin de la résistance militaire allemande en Normandie et permet une progression accélérée des armées alliées vers l’Est et le Nord de la France.
  • 15 août 1944 : à Ivry, Venise Gosnat prend la tête du Comité local de libération. Il est chargé de s’emparer de l’Hôtel de Ville.
  • 18 août 1944 : sous les ordres de Rol-Tanguy, chef régional des FFI (Forces françaises de l’intérieur) de Paris et de la région parisienne, l’insurrection est lancée contre l’armée allemande. De simples habitant.es se joignent aux résistants.
  • 19 août 1944 : le quartier du Centre-Ville et l’Hôtel de Ville d’Ivry sont repris par la résistance locale composée de nombreux résistants communistes avec le soutien de membres de Libération-Nord, de résistants catholiques (membres de la paroisse Sainte-Croix d’Ivry-Port), de gendarmes et de policiers du commissariat d’Ivry.
  • 19 août-22 août 1944 : des barricades sont érigées par des habitants d’Ivry sur les grands axes qui traversent la commune.

Durant ces trois jours de nombreux combats ont lieu à Paris ainsi que des accrochages plus sporadiques en banlieue.

  • 22 août 1944 : le général Leclerc, à la tête de la 2e Division blindée (2e DB) de l’Armée française de la Libération, reçoit l’ordre de rejoindre Paris au plus vite pour soutenir la Résistance face aux troupes allemandes bien mieux équipées.

La 4e division d’infanterie américaine du général Barton est envoyée en renfort.

  • 24 août 1944 : la 2e DB entre à Paris par la porte d’Orléans et la porte d’Italie. Les premiers soldats français qui pénètrent dans la capitale sont pour la plupart des républicains espagnols qui ont combattu l’armée de Franco durant la Guerre d’Espagne.
  • 25 août 1944 : des troupes de la 4e division d’infanterie américaine du général Barton entrent dans Paris par la porte d’Italie. Des unités de cette division américaine sont accueillies en liesse à Ivry.
  • 25 août 1944 : à Paris, la garnison allemande dirigée par le général von Choltitz capitule. Quelques groupes de soldats allemands isolés continuent de se battre mais sont maîtrisés.

Le général de Gaulle arrive à Paris.

Ivry est libérée en même temps que Paris grâce au blocage des principaux axes de circulation, à l’arrivée des troupes alliées et à l’isolement du Fort d’Ivry occupé par des unités allemandes qui se rendent.

  • 26 août 1944 : le défilé de la Victoire est organisé sur les Champs-Élysées.
  • Nuit du 26 au 27 août 1944 : la Luftwaffe, l’armée de l’air allemande, bombarde la région parisienne. À Ivry, 26 habitants sont tués, 200 sont blessés et environ 2 000 bâtiments sont sinistrés.

Les actrices et acteurs du projet

  • Les élèves de la classe de CM2 de l’école élémentaire Maurice Thorez B d’Ivry-sur-Seine :

Amina Badjaga, Elyssa Belalia, Lilia Ben Mahmou, Sada Diallo, Maimouna Diawara, Marwa Fardjallah, Lina Friaa, Jersonner Guerrier, Iov-Sasa Hangalet, Karsikan Keesavan, Shainez Khamis, Dramane Konte, Filip Krupa, Gloria Paulet, Sarah Saidat, Léa Savoye, Hadja Sow, Ismaël Toure, Oumar Traore, Kenza Zaier, Zahil Zarfani.  

  • Conception et réalisation du projet :

Frédéric Belling, professeur des écoles, enseignant de la classe de CM2, école élémentaire Maurice Thorez B, Ivry-sur-Seine.

Les Médiathèques et le service Archives-Patrimoine de la ville d’Ivry-sur-Seine.

  • Conception de l'exposition virtuelle :

Le service Archives-Patrimoine de la ville d’Ivry-sur-Seine.

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